mardi 21 octobre 2008

Paquet climat : Vent de renoncement sur l’Europe


Le Plan européen pour le climat proposé par la Commission européenne et accepté par les 27 chefs d’Etat de l’Union a du plomb dans l’aile. Hier à Luxembourg, s’est ouvert le conseil des ministres de l’environnement qui laisse éclater ouvertement les divergences.
"Le paquet tel qu’il est ne nous convient pas. Il est insupportable. Il a besoin de changements profonds. Nous espérons que maintenant une vraie négociation va s’ouvrir". Hier à Luxembourg s’est ouvert le Conseil européen des ministres de l’environnement devant examiner le Plan européen contre le réchauffement. Stefania Prestigiacomo, la ministre italienne, a immédiatement donné le ton d’un débat que chacun pressentait difficile. Si chacun des 27 états membres de l’UE s’est engagé à parvenir à un accord avant la fin de la présidence française qui s’achève le 31 décembre (engagement renouvelé la semaine dernière), force est de constater qu’il y a loin de la coupe aux lèvres.
Le plan climat proposé par la Commission, prévoit de parvenir en 2020 à l’application de la règle du « triple 20 ». Cette dernière prévoit à cette échéance une réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau des émissions constaté en 1990, d’atteindre 20% d’énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergies en Europe, les ENR en représentant 8,5%actuellement et, améliorer de 20% l’efficacité énergétique. En début d’année, la Commission européenne avait proposé un échéancier présentant pour chacun des 27 une progression pour atteindre les objectifs dans les 12 ans. C’est tout l’enjeu des discussions engagées hier.

La bataille des quotas

Les quotas de rejets de CO2 préconisés pour chacun des pays européens est à l’origine des divergences qui éclatent sans fard aujourd’hui. La fixation de quotas notamment pour les émissions d’origine industrielle, permet aux industriels européens de vendre ou d’acheter des droits à polluer. La commission prévoit de diminuer progressivement ces quotas et, à terme, de mettre en place un système de vente aux enchères.
Parmi les Etats opposés à ces mesures figure donc l’Italie, mais elle n’est pas la seule. Les transalpins bénéficient du soutien de pays récemment rentrés dans l’Union, telle la Pologne. Ces pays estiment notamment que les enchères auraient un coût bien trop élevé pour assurer la viabilité de leurs activités industrielles. L’Allemagne a également exprimé des réticences, y voyant pour sa part un risque de délocalisation des activités industrielles en dehors de l’Union, afin d’éviter l’assujettissement aux quotas.

Les crainte de l’ONU avant Poznan

Ces divergences se cristallisent alors que se tiendra début décembre à Poznan (Pologne), la Conférence climat de l’ONU censée préparer l’après Kyoto. Nicolas Sarkozy caressait l’espoir que l’UE puisse s’y exprimer d’une voix unique et se montrer exemplaire. Il a besoin pour cela de parvenir à un accord avant l’échéance polonaise. D’évidence aujourd’hui, pour y parvenir, les pays les plus favorables au Plan climat devront mettre de l’eau dans leur vin. Hier, Yvo De Boer,le représentant des Nations unies a exprimé ses craintes de voir les Européens renoncer à donner l’exemple. De son côté, Stavros Dimas, le commissaire européen en charge de l’environnement s’est dit prêt "à accéder aux demandes des Etats membres, mais sans porter un coup fatal aux éléments du système qui le rendent efficace, ni aux objectifs environnementaux. C’est la ligne rouge ». On saura peut-être ce soir comment les 27 pourront se sortir de ces contradictions.

Photo : Stefania Prestigiacomo, la ministre italienne de l’environnement, a sonné hier la charge contre le Plan européen pour le climat.©DR

Lu sur http://www.developpementdurablelejournal.fr/spip.php?article3478

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