jeudi 2 octobre 2008

RSE : La norme « ISO 26000 » prend son temps


L’élaboration de la norme internationale sur la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), ou « ISO 26000 », a pris du retard. En cause, notamment : la difficulté, pour les 84 pays participant à cette normalisation, de s’entendre sur la définition de la RSE, et les craintes des pays pauvres que cette norme ne serve de barrière commerciale aux pays riches. De compromis en compromis, la norme devrait finalement s’apparenter à un guide pratique destiné aux organisations qui souhaitent s’engager dans la RSE de manière volontaire.
Né en 2001, le projet de créer une norme internationale ISO pour la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) devrait aboutir en 2010. Si tout va bien. Car l’élaboration de l’« ISO 26000 » par les représentants de plus de 84 pays n’est pas une mince affaire, le document final devant faire l’objet, comme toute norme ISO, d’un consensus très large. Or, « la définition de ce qu’est la responsabilité sociétale diffère fortement selon les pays et les cultures, et donne lieu à des débats interminables. C’est un sujet nouveau et difficile », rappelle Frédéric Tiberghien, président d’honneur de l’Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises (ORSE), à l’occasion du colloque organisé hier par le Conseil économique et social (CES) sur la norme ISO 26000. L’un des objectifs de cette dernière est justement de clarifier le concept de la RSE et de définir une terminologie commune à tous les pays. Car pour l’instant, comme le souligne Michel Doucin, ambassadeur chargé de la bioéthique et de la RSE, « les codes de conduite sont élaborés dans le Nord, essentiellement dans les pays anglo-saxons, et ne peuvent pas forcément s’étendre aux pays en développement. » ISO 26000 : Une barrière commerciale ? Raison pour laquelle l’ISO, organisation internationale de normalisation, associe pleinement les pays du Sud à l’élaboration des nouveaux standards. Ce qui doit d’ailleurs contribuer à apaiser la crainte de ces derniers de voir « la norme ISO 26000 utilisée par les pays du Nord pour protéger leurs marchés contre des produits du Sud qui ne correspondraient pas aux standards », souligne Frédéric Tiberghien. Outre les divergences de vues entre Etats, l’élaboration de l’ISO 26000 butte sur les désaccords qui existent, au sein de chaque délégation nationale, entre les différentes parties prenantes (entreprises, syndicats, collectivités, associations de consommateurs...) concernant la définition même de la norme. « Les consommateurs auraient souhaité que l’ISO 26000 puisse donner lieu à une certification. Aujourd’hui, un compromis a été trouvé : la norme sera plutôt un guide pratique destiné aux organisations qui souhaitent s’engager dans la RSE de manière volontaire », précise Frédéric Tiberghien. Reste donc à définir les mécanismes qui garantiront la crédibilité des démarches RSE engagées sur la base de l’ISO 26000. Une norme contre le « societal washing » L’enjeu est crucial pour les associations de consommateurs. Après avoir lancé en 2001 l’idée d’une norme RSE pour mettre un terme aux agissements de certaines multinationales dans les pays pauvres, les consommateurs s’interrogent désormais sur le bien-fondé des assertions RSE des entreprises et des collectivités. « On connaissait le « greenwashing », qui vise à faire passer pour « écologique » une entreprise qui ne l’est pas, on s’achemine maintenant vers le « societal washing ». Pour les consommateurs, la norme ISO 26000 doit permettre de savoir qui fait quoi. C’est aussi très intéressant pour les entreprises : la norme permettra aux bons acteurs, à ceux qui mettent en place une bonne démarche RSE, d’en tirer les bénéfices en termes d’image », rappelle Olivier Peyrat, directeur général du groupe AFNOR, membre français de l’ISO. La publication de la nouvelle norme ne devrait pas intervenir avant 2010. Mais si, pour l’instant, « il est difficile de se mettre d’accord, il faut rappeler que les réunions de travail n’ont vraiment commencé qu’en 2006. Parvenir à créer en quatre ou cinq ans une norme dans un domaine aussi complexe, évolutif et nouveau que la RSE, c’est un délai tout à fait raisonnable », estime Frédéric Tiberghien.

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