lundi 17 novembre 2008
G-20 : Un « sommet historique » ?
La réunion du G-20, qui s’est tenue samedi dernier à Washington, était l’objet d’attentes très diverses. L’administration Bush voulait des « résultats très concrets » pour répondre rapidement à la crise actuelle, alors que certains Européens espéraient une première étape vers un second Bretton woods. Le sommet s’est en fait accordé sur de grands principes.
Historique, la réunion de Washington le restera pour les pays rassemblés autour de la table. Le G-8, décidément bien dépassé, a laissé la place au G-20 qui pèse à lui seul 90% du PIB mondial. Aux anciens invités, se sont ajoutés l’Inde et la Chine, le Brésil et l’Argentine, la Turquie et l’Espagne ou encore l’Arabie Saoudite. Etaient encore présents le président de la Commission européenne, le secrétaire général de l’ONU et le directeur général du FMI. Mais pas celui de l’OMC que seuls les Etats-Unis voulaient inviter.
Historique également, comme l’a souligné Nicolas Sarkozy, par la déclaration signée par des pays aux intérêts si divers qui s’accordent à reconnaître « qu’une réponse politique élargie, fondée sur la coopération macro-économique, est nécessaire pour rétablir la croissance ». Un long communiqué pose ainsi 47 actions pour répondre à la crise actuelle. Elle tourne autour de quelques idées : la régulation des marchés financiers à définir, la transparence des produits dérivés, la redéfinition du travail des agences de notation, une gouvernance mondiale élargie au G-20, le refus de politique protectionniste et des mesures de relance initiées par les budgets nationaux.
Un nouveau sommet en avril
Cette déclaration est sans doute une première. Mais le sommet pourra être réellement traité d’historique s’il a une suite positive et concrète. Les dirigeants européens semblent penser que ce sera le cas. Nicolas Sarkozy a souligné « : « nous avons obtenu un calendrier, désigné des responsables, défini une stratégie et des modalités d’actions ». Et, de fait, les ministres des finances du G-20 se réuniront pour faire des propositions concrètes, les agences de notations, paradis fiscaux et produits dérivés feront l’objet de réformes et de surveillance.
Gordon Brown a estimé pour sa part que le sommet était bien le point de départ d’un après Bretton-woods. En effet, la réunion de Washington s’est prononcée pour une nouvelle organisation de la Banque mondiale et le FMI, faisant notamment place dans la gouvernance économique et financière mondiale aux pays émergents, et également pour la relance du cycle de négociations de l’OMC d’ici à la fin de l’année, afin notamment d’éviter toute tendance protectionniste.
Enfin, Angela Merkel s’est félicitée que « tous les produits et tous les marchés soient réellement soumis à surveillance ». Différents points (de l’harmonisation des normes comptables à la rémunération des dirigeants des banques) ont été retenus à cet effet par le sommet qui charge les ministres des finances d’en contrôler les effets et d’en faire rapport pour le prochain sommet des vingt chefs d’état qui se réunira probablement à Londres, en avri 2009.
Un verre à moitié vide
Pour les analystes qui voient plutôt dans le sommet un verre à moitié vide, il reste que la France n’a pas obtenu la création d’un « gendarme international » de la finance. Que les produits dérivés sont plus appelés à se réformer qu’à se révolutionner. Que « la régulation relève avant tout de la responsabilité des régulateurs nationaux »…
Il faut cependant souligner que les premiers pas sont d’autant plus importants que l’administration Bush est en partance et que le prochain sommet se fera en présence de Barack Obama qui n’avait envoyé que des observateurs.
Lu sur http://www.developpementdurablelejournal.fr/spip.php?article3627
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