Les principes de responsabilité sociale et environnementale sont encore peu intégrés dans les clubs de foot. Le champ d’action est pourtant vaste : violences, produits dérivés fabriqués dans des sweatshops, impact environnemental des grands évènements footballistiques… Si des rapports estampillés RSE commencent à apparaître, leur contenu manque de crédibilité.
Le réseau d’entreprises britanniques « Business in the community », qui compte 800 membres, a publié un rapport comparant les activités estampillées RSE des principaux clubs de football européens, dont les clubs français Olympique de Marseille, Olympique lyonnais et le PSG, réunis sous le nom de « G-14 ». Cette étude intitulée « Community Engagement » donne un aperçu, très partiel, de la contribution au développement durable de ces clubs. Business in the community liste les programmes sociaux ou les actions caritatives des différents clubs, sans évoquer toutefois des sujets aussi importants que la violence dans les stades. Par contre, on peut lire que « les clubs appartenant au G-14 ont démontré qu’ils étaient des partenaires importants avec les associations caritatives, les groupes communautaires, les gouvernements locaux et nationaux, du secteur privé ainsi que d’autres organisations travaillant à l’amélioration des conditions de vie de ceux affectés par la maladie, la pauvreté, le chômage, les catastrophes naturelles pour ne nommer que quelques exemples. »
Or, le groupe G-14, crée en 2000 dans le but de mieux défendre les intérêts des grands clubs devant la Fifa et l’Uefa, a été vivement critiqué lorsque des extraits d’un rapport confidentiel ont atterri dans la presse sportive européenne. Celui-ci confirmait que le G-14 ne se préoccupe en réalité que de ses propres intérêts économiques. « Le football est devenu un business, peut on lire dans le rapport « Vision Europe ». Afin de garantir son essor économique, il est nécessaire de développer le produit football international et de le rapprocher des consommateurs modernes tout en soulignant le fait que ce sont principalement les clubs qui livrent le produit ». Le G-14 a été dissous en janvier 2008 suite aux négociations avec l’Uefa pour être remplacé par l’ European Club Association.
Le même scepticisme prévaut concernant le rapport « RSE » autoproclamé du club britannique de Chelsea, « We have called this our CSR audit », même si le club reconnaît qu’il doit faire des progrès pour l’améliorer.Du coté des institutions footballistiques, la Fifa entend réorienter ses activités caritatives vers une politique RSE. Sur son site internet, la fédération explique que « caritative au départ, la Fifa veut aujourd’hui mettre davantage l'accent sur la responsabilité sociale, l'engagement et l'investissement » et a décidé de consacrer « au moins » 0,7% de son revenu total aux actions sociales.
L’Uefa, elle, s’est vu sévèrement critiquée par les ministres de l’environnement de Suisse et d’Autriche pour son refus de prendre des mesures écologiques dans les stades pendant l’Euro 2008, rapporte la Tribune de Genève. Selon le quotidien, les deux pays co-organisateurs de la compétition ont signé il y a un an une charte de développement durable pour l’Euro 2008, à l’image de ce qui a été fait lors du Mondial de football en Allemagne pendant l’été 2006 (voir article lié). Les organisateurs ont notamment mis en place un système de ticket combiné qui permet d’entrer dans les stades et de bénéficier d’un abonnement aux transports en commun. Or, d’après le chef du département fédéral suisse de l’environnement Moritz Leuenberger, le bénéfice attendu de l’Uefa est d’un milliard d’euros et cette association d’utilité publique paie peu d’impôts. Il a donc demandé à l’Uefa de contribuer en achetant des certificats d’émission de CO2 pour que l’Euro 2008 soit neutre en carbone, pour un montant de 930 000 euros.
Dénigrement
« Pourquoi la Fifa et les autres institutions ne publient pas de véritables rapports RSE ? » s’interroge Jonathan Metliss, avocat, spécialiste britannique de la RSE dans le monde du football et membre de l’association britannique de lutte contre le racisme dans le football « Kick it out ». Et l’avocat de dénoncer le manque de parité culturelle dans les hautes instances footballistiques de son pays : « Le conseil du Football Association ne s’est pas transformé de manière à refléter la diversité ethnique du jeu. Les officiels de couleur ainsi que les Asiatiques sont trop peu nombreux ». « Kick it out » a ainsi salué la nomination de Paul Ince, un ancien joueur britannique de couleur, à la direction d’une équipe de première ligue en précisant qu’il était un des deux managers de couleur dans le monde du football professionnel : « La situation actuelle avec seulement deux managers de couleur sur les 92 clubs, et ce, alors qu’un tiers des joueurs ont des origines caribéennes ou africaines, est tout simplement honteux ».
L’organisation britannique dénonce également l’inertie, voire l’aveuglement des fédérations nationales de football en Europe dès lors qu’il s’agit de combattre de manière efficace le problème du racisme dans les stades comme sur le terrain de jeu – un problème décrit comme endémique : « Les joueurs, les fans issus des minorités ethniques font régulièrement l’objet d’attaques racistes dans certaines parties d’Europe où l’activité de l’extrême droite est solide et les fédérations de football dénigrent le problème », rapporte l’association.
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