La crise économique et sociale que nous traversons croise-t-elle le chemin des crises environnementales et culturelles du début de ce siècle ? Est-elle une opportunité pour faire du développement durable le modèle économique référent ou celui-ci est-il devenu un luxe ? Entre les deux le cœur des entreprises balance. DDJ ouvre le dossier ce week-end dans le cadre de son partenariat avec les Rencontres professionnelles du journal Le Monde dont l’édition du 31 mars est consacrée au Green Business.
La crise renvoie-t-elle le développement durable à des temps meilleurs ? Les annonces politiques de ces derniers mois laissent penser qu’il n’en est rien. Au contraire, les chefs d’Etat s’appliquent à rappeler sans cesse l’urgence de solutions nouvelles pour sauver des économies, des salariés et un environnement mis à mal par des années de gestion financière. Reçu par Barack Obama à Washington, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, s’est même offert le luxe de proposer à son célèbre collègue un « new deal » pour une « relance verte ». « Je crois qu’il n’y a pas de défis si difficiles qu’ils ne puissent être relevés par l’Amérique, la Grande-Bretagne et le monde s’ils travaillent ensemble ».
Le développement durable est, par essence, ouvert à la mondialisation (l’atmosphère, les matières premières, les grandes recherches…n’ont pas de frontières) nécessitant à la fois une entente multipolaire et une gouvernance internationale. Kyoto hier, Copenhague en décembre en sont deux exemples. Mais cela prévaut également dans les plans de relance. Comment par exemple sortir durablement de la crise automobile si les Etats-Unis, la France et l’Allemagne s’en tiennent au soutien sans condition d’un secteur hautement consommateur de matières premières non renouvelables ?
De fait les aides publiques françaises à l’automobile, tout en accordant 400 millions aux recherches sur des moteurs et des équipements plus verts dans le cadre du programme Predit, continuent à parier essentiellement sur le moteur à essence pour relancer le secteur. Et le gouvernement, qui vient à peine de se rendre compte que la question centrale pour lancer la voiture électrique n’était plus la construction de véhicule de ce type, mais leur approvisionnement sur le territoire, vient de mettre en place un « Groupe de travail chargé d’élaborer la stratégie nationale de déploiement des infrastructures de recharge pour les véhicules électriques ».
Une opinion publique prudente
L’opinion publique est sensible, et d’autant plus sensible qu’elle est plus jeune, aux déclarations politiques évoquant les vertus du développement durable. Elle est tout aussi sensible à son porte-monnaie et à son bien-être. Une étude d’IBM indique ainsi qu’au niveau mondial, on ne trouve plus que 6% de personnes (contre 16% en 2007) prêtes à payer 20% de plus l’énergie qu’elles consomment à condition qu’elles soient renouvelables. Et pas question pour un Parisien qui en a les moyens, d’abandonner sa voiture pour un RER qui lui paraît bondé, en retard et mal sécurisé.
L’argent et le confort, deux obstacles qui peuvent aussi se révéler deux moteurs. C’est en tout cas dans ce sens que les recherches se développent afin d’industrialiser des produits développements durables qui rythmeront la vie courante et auront enfin un profond impact sur l’environnement. Le pragmatisme des entreprises fait qu’elles sont en général attentives aux évolutions de la consommation, mais pas téméraires. Total n’hésite pas à annoncer 70 millions d’investissement pour créer en Moselle une usine de production de panneaux solaires, mais l’essentiel de ses investissements va toujours au pétrole. Il faut souvent une forte incitation des politiques publiques pour convaincre de l’intérêt économique qu’il y a à passer à de nouveaux modes de production. Ainsi le Grenelle de l’environnement peut-il apporter une impulsion dans le secteur du bâtiment qui est plus en manque de marchés durables que de solutions technologiques.
Un retour sur investissement avéré
Notre époque possède en effet une maîtrise technologique qui permet de construire des immeubles producteurs et non consommateurs d’énergie, d’aménager des voies ferrées et fluviales moins polluantes que les autoroutes, de concevoir des agricultures bio porteuses d’une économie nutritive de la santé. On sent qu’il manque juste ce coup de pouce qui fera basculer dans l’autre monde, celui du développement durable. Qui peut le donner ? Les acteurs sont multiples et les arguments parfois inattendus. Ainsi de cette étude réalisée en commun par des universitaires du Québec et de Rhônes-Alpes qui révèle que le retour sur investissement de l’éco-conception est bien avéré : économie sur les matières premières et l’énergie, diminution des coûts de revient, augmentation des marges bénéficiaires et création de nouveaux marchés.
Voilà de quoi surprendre des entreprises dans lesquelles les directions du développement durable sont parfois vécues comme des apôtres, vertueux certes, mais pas bien réalistes.
Lu sur http://www.developpementdurablelejournal.com/spip.php?article4210
vendredi 13 mars 2009
Green Business : La relance par le vert ?
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