vendredi 16 octobre 2009
Faim dans le monde : Journée internationale pour 1,02 milliards d’affamés
La FAO ne pouvait laisser passer l’occasion de la journée internationale de la faim dans le monde, qui se tient aujourd’hui, sans enfoncer une nouvelle fois le clou sur cette atrocité des temps modernes : « on compte 1,02 milliards d’affamés en 2009 ». C’est ce que révèle un rapport rendu public aujourd’hui par l’organisation onusienne et le Programme alimentaire mondial. Les populations touchées par la faim et ses multiples avanies sont en augmentation partout dans le monde.
Contrairement à l’idée de progrès, la faim n’est pas en récession dans le monde. Elle a même connu un nouveau rebond avec la crise financière de 2008, rebond d’autant plus injuste que ces victimes des politiques économiques sont totalement innocentes. C’est ce que révèle L’Etat de l’insécurité alimentaire dans le monde, un rapport publié aujourd’hui à Rome où siège la FAO. D’où la ferme réaction du directeur de la FAO, Jacques Diouf : « Les dirigeants mondiaux ont réagi avec détermination à la crise économique et financière. Ils sont parvenus à débloquer des milliards de dollars en une courte période de temps. Il faut lancer immédiatement des mesures énergiques du même ordre pour combattre la faim et la pauvreté ».
« 1,02 milliards d’affamés », le constat est cruel. La FAO avance des chiffres qui touchent le monde entier. La grande partie des personnes affamées vit dans les pays en développement. 642 millions en Asie et dans le Pacifique, 265 millions en Afrique subsaharienne, 53 millions en Amérique latine et aux Caraïbes, 42 millions au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Mais aujourd’hui, les pays développés ne sont plus épargnés, si l’on en croit l’étude réalisée conjointement avec le Programme alimentaire mondial, les personnes souffrant de sous nutrition sont au nombre de 15 millions.
La crise actuelle a des conséquences plus dramatiques
La mondialisation de l’économie a provoqué des chamboulements dans l’organisation économique et sociale de nombreux pays. Le nombre de personnes sous-alimentées accusait déjà une montée lente mais régulière au cours de la dernière décennie « Des progrès appréciables avaient été accomplis dans les années 80 et au début des années 90 en matière de réduction de la faim chronique, essentiellement grâce à l’accroissement des investissements dans l’agriculture qui avait succédé à la crise alimentaire mondiale du début des années 70 » explique la FAO, qui met en accusation la baisse des aides internationales et les promesses non tenues dans le renversement de tendance. Conséquence : entre 1995-97 et 2004-06,« le nombre d’affamés s’est amplifié ». De plus, souligne Josette Sheeran, directrice exécutive du PAM : « A l’heure où le monde compte plus d’affamés que jamais auparavant, l’aide alimentaire a chuté a des niveaux historiquement bas ».
Or la crise actuelle a des spécificités nouvelles. D’abord, parce qu’elle « touche simultanément de vastes régions du monde, réduisant l’envergure des mécanismes habituels d’adaptation, comme la dévaluation, les emprunts, le recours accru à l’aide publique au développement, ou les envois de fonds par les migrants ». Ensuite parce que « la crise économique exacerbe la crise alimentaire qui a déjà pesé lourdement sur les stratégies d’adaptation des populations pauvres, frappant les plus vulnérables en les empêchant de se relever ».
Enfin, parce que les pays en développement sont désormais totalement intégrés au jeu financier mondial, et subissent donc de plein fouet ses crises auxquelles ils n’ont nul moyen de faire face. Le rapport prend l’exemple des 17 économies principales d’Amérique latine, qui « ont reçu 184 milliards de dollars de flux financiers en 2007. Ces capitaux ont été quasiment divisés par deux en 2008 (89 milliards) et devraient être à nouveau réduits de moitié et chuter à 43 milliards en 2009 ».
Un manque de « volonté politique »
Dès lors, Jacques Diouf accuse : « Nous disposons des moyens économiques et techniques pour mettre un terme à la faim, ce qui fait défaut c’est une volonté politique plus forte pour se débarrasser de la faim à jamais ». Par sa voix, la FAO plaide avant tout pour des investissements lourds dans l’agriculture des pays en développement. « Les petits agriculteurs ont besoin d’un accès aux semences de qualité, aux engrais, au fourrage et aux technologies pour leur permettre de doper la productivité et la production ». Et leurs gouvernements ont besoin « des outils économiques et politiques pour accroître la productivité et la résilience de leur secteur agricole face aux crises ». Sans cela, selon les deux organisations, le cycle infernal ne sera jamais rompu : « Confrontées à la flambée des prix alimentaires, à la baisse des revenus et des emplois et ayant déjà vendu leurs actifs, réduit leur consommation d’aliments et leurs dépenses de biens essentiels, tels que soins de santé et éducation, ces familles risquent de s’enliser davantage dans la misère et le cercle vicieux de la faim et de la pauvreté ».
Lu sur http://www.developpementdurablelejournal.com/spip.php?article5369
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