L’engagement des entreprises sur la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) qui constitue leur contribution au développement durable, entraine des changements de stratégie, de politique, de management. Si les grandes entreprises cotées communiquent largement sur leur stratégie dans leurs rapports développement durable, les actions qu’elles déploient pour impliquer leurs salariés dans ces nouvelles orientations sont beaucoup plus rarement mentionnées.
L’étude qui suit, fruit d’une collaboration entre Novethic et « des Enjeux et des Hommes », porte sur la place accordée par les entreprises du CAC 40 (France) au « déploiement de la RSE », en particulier la mobilisation des salariés via des actions de formation dont la nature peut être très variable.
Construite à partir de l’analyse des rapports développement durable, elle ne prétend pas rendre compte de toutes les démarches réellement mises en œuvre en interne mais plutôt de l’importance que les entreprises donnent à la mobilisation des salariés au point de mettre en exergue cette dimension dans un rapport qui détaille leurs engagements et leurs réalisations de l’année.
S’il est crucial que la direction de l’entreprise porte la mise en place de la stratégie RSE, celle-ci ne deviendra opérationnelle que si les salariés l’intègrent. Cette étude veut contribuer à la prise de conscience de la nécessité de l’implication des salariés pour le déploiement des stratégies RSE. Quand elles restent l’apanage des équipes de direction ou des directions du développement durable, il est beaucoup plus difficile qu’elles conduisent à de vrais changements dans les pratiques des entreprises. Or, les objectifs relevant du développement durable sont, par nature, très ambitieux. Qu’il s’agisse de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de faire de l’éco-conception ou de diversifier totalement le recrutement, ils impliquent des modifications profondes de management, de production et de comportements. A la lecture des rapports de développement durable du CAC 40, il semble que les actions de mobilisation des salariés restent timides et que les Directions des Ressources Humaines, les responsables de formation tout comme les Universités d’entreprise se soient peu emparées du sujet…
Ceci dit, les entreprises semblent progressivement intégrer la dimension sensibilisation/formation puisqu’elles sont plus nombreuses à en faire mention dans les rapports 2006 que dans ceux de 2005. La majorité privilégie des actions ponctuelles, rares sont encore celles qui ont une approche globale. L’étude recense les thématiques privilégiées par les entreprises. Ainsi, les rapports développement durable du CAC 40 font largement référence à la formation des personnels à la notion de « diversité » (dans le recrutement et la gestion de l’emploi) et à la « gestion des risques » sous l’angle respect de l’éthique, de la déontologie et de la mise en conformité avec les normes et règlements. Ces deux questions apparaissent dans plus de la moitié des rapports.
Si la formation des acheteurs aux « achats responsables » est citée par 16 entreprises sur 40, il est intéressant de noter l’apparition des formations aux « éco-gestes » nécessaires à la protection de l’environnement, cités 7 fois, et les actions de sensibilisation sur le réchauffement climatique. La projection aux salariés du film d’Al Gore est le moyen choisi par 4 d’entre elles même si elle n’est pas toujours accompagnée de débats sur les conséquences du changement climatique sur le secteur auquel appartient l’entreprise.
Principaux constats
L’information sur le déploiement de la stratégie RSE est plutôt rare
La place consacrée à la question de la formation et de la sensibilisation des salariés est plutôt limitée. Cela va de quelques lignes à quelques paragraphes dans des rapports de plusieurs dizaines de pages.
Elle ne semble pas perçue comme un enjeu stratégique par les entreprises
Seuls 11 Présidents du CAC 40 y font référence dans leur éditorial. S’il est important que le
top management de l’entreprise incarne et porte la politique développement durable de
l’entreprise, l’idée qu’il faut faire de la pédagogie auprès des salariés pour l’expliquer et la
mettre en œuvre est très loin d’être partagée par tous.
Le déploiement de la RSE par le biais de la formation ne fait pas partie des objectifs pour plus de la moitié des entreprises
La crédibilité d’une politique de développement durable repose sur des engagements précis, étayés par des objectifs concrets et des indicateurs chiffrés. Dans le domaine de la formation et de la mobilisation, ils sont peu nombreux. Seules 8 entreprises évoquent des objectifs de conduite du changement (exemple : traduire les valeurs de développement durable dans nos pratiques et notre culture), tandis que 10 prévoient des actions ponctuelles (exemple : former nos managers à la diversité, former trois entités à l’environnement) et enfin 22 ne font référence à aucun objectif de sensibilisation/formation dans leur priorité de l’année.
La majorité des actions présentées ont une portée limitée
La plupart des actions de sensibilisation et de formation mentionnées dans les rapports ont un périmètre restreint soit par la zone géographique (elles sont limitées aux équipes françaises), soit par la cible visée (un service, une unité de production), soit par la durée (elles sont mitées à la semaine du développement durable). Dans de nombreux cas, elles ne concernent qu’une ou plusieurs thématiques de la RSE mais pas la globalité de cette politique.
Les informations données sont principalement qualitatives
90% des données fournies dans les rapports développement durable du CAC 40 sont de nature qualitative. On ne trouve presque rien sur la durée des formations, le nombre d’heures par salarié consacrées à ces formations, la progression d’une année à l’autre….Il est tout aussi difficile de trouver des informations sur les objectifs poursuivis, la pédagogie, les modalités de pilotage, les indicateurs de suivi ou les résultats mesurés sur le terrain (modifications de pratiques observées, impacts sur la performance RSE ….). Seules 19 entreprises sur 40 donnent des chiffres, la plupart du temps uniquement sur les effectifs touches par ces actions.
Seules 2 entreprises présentent des opérations qui ont concerné l’ensemble de leurs
salariés.
Pas ou peu de témoignages de salariés dans les rapports
Pour illustrer cette information qualitative, on aurait pu imaginer que les entreprises mettent en avant des témoignages de salariés. Or les rapports en comportent très peu et ne permette donc pas aux salariés d’exprimer leur compréhension des enjeux, leur degré d’appropriation des contenus et d’éventuels transferts dans leurs pratiques professionnelles.
Les ressources humaines n’en font pas une de leurs compétences
Il semble que les Directions des Ressources Humaines, les responsables de formation, ou encore les universités d’entreprise ne se soient pas ou peu emparés du sujet. Leur intervention dans la mise en place d’une stratégie RSE n’est évoquée que dans 7 cas sur 40 alors qu’il est logique d’imaginer que soient mentionnées d’éventuelles collaborations entre Directions du Développement Durable et DRH sur le sujet.
Montée en puissance des actions de sensibilisation vis-à-vis des parties prenantes externes :
Les entreprises mettent en avant les actions menées auprès de diverses parties prenantes pour les sensibiliser aux enjeux RSE :
- Auprès des fournisseurs à qui sont transférées des obligations RSE, il est fait mention de chartes annexées aux contrats (comme le Global Compact) d’invitations à signer des clauses contractuelles, de modules de sensibilisation des prestataires aux enjeux de certification…
- Auprès des clients, sont mentionnées des actions très diverses : nutrition pour une enseigne de distribution, politique de réduction des déchets, information sur le tourisme responsable dans l’hôtellerie internationale …
- Auprès du grand public, les opérations mises en avant vont de la sensibilisation au réchauffement climatique pour un fournisseur d’énergie, aux services à l’environnement et à la réduction des déchets en passant par la prévention routière auprès des scolaires …
Bonnes pratiques sur http://www.novethic.fr/novethic/upload/etudes/CAC40_formation_RSE.pdf
jeudi 20 mars 2008
Former les salariés à la RSE, un enjeu stratégique ?
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